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Observations sur le public accueilli – Pôle «Sans-abris»

En 2022, le pôle «Sans-abris» du Samusocial a hébergé 6533 personnes.

Répartition des 6533 personnes accueillies par type de public

On constate une augmentation de 6,8 % du nombre de personnes accueillies dans les programmes d’hébergement du Samusocial par rapport à l’an dernier (6533 contre 6112 en 2021). Le nombre de nuitées a, quant à lui, connu une importante diminution (292 992 contre 319 042 en 2021). Deux facteurs expliquent ce turn-over plus élevé :  la fermeture, en 2022, de capacités ouvertes en réponse à la crise du coronavirus mais également le nombre exceptionnel de réservations de lits (les «reports») octroyées en 2021, garantissant un séjour sur une période déterminée durant laquelle les usager·e·s de nos services ne voyaient pas leur place redistribuée à d’autres. Les chiffres nous montrent par ailleurs qu’une  personne accueillie sur deux en 2022 est un homme isolé.

Précision : ce graphique n’est pas représentatif de la réalité du sans-abrisme en Région bruxelloise, mais reflète la politique d’admission du Samusocial. La priorité à l’hébergement est en effet accordée aux personnes les plus vulnérables, ce qui explique la proportion importante de personnes en famille au sein de nos structures d’accueil. Nous savons toutefois que le public sans abri à Bruxelles est composé d’une très nette majorité d’hommes seuls.

Dernier hébergement déclaré avant l’arrivée au Samusocial (n=2689 adultes)

Sur 2689 adultes hébergés en 2022 pour lesquels nous disposons de données précises quant à leur hébergement antérieur, 703 dormaient en rue avant d’arriver au Samusocial, 574 à leur domicile privé et 322 chez un·e ami·e.

Sources de revenu (n=3509)

Nous dénombrons un total de 3509 encodages liés à la source de revenu – une information directement renseignée par la personne aidée. Notons par ailleurs qu’une personne peut bénéficier de plusieurs sources de revenu. Dans le graphique ci-dessous, 3227 personnes différentes se partagent 3509 sources de revenu.

La source de revenu la plus répandue demeure le RIS (Revenu d’Intégration Sociale), dans 16,3 % des cas. Sur les 3509 encodages, nous constatons que 55,5 % indiquent une absence de revenu.

Causes de rupture déclarées (n=3584)

Précisons que les causes de rupture – les raisons ayant mené à la perte du logement – ne représentent pas le nombre de personnes différentes, une personne pouvant en effet présenter plusieurs causes de rupture (ce qui complexifie d’ailleurs considérablement la réinsertion du/de la bénéficiaire). Les causes de rupture identifiées ci-dessous l’ont été auprès de 2892 personnes majeures.

Notons également que les assuétudes et les problèmes de santé mentale sont nettement sous-estimés dans les déclarations des personnes concernées, qui ne sont pas toujours en mesure d’évaluer leur propre situation. Les violences intrafamiliales sont, elles aussi, en-deçà de la réalité, puisque le public représenté dans le graphique ne reprend pas les enfants.

La catégorie «Saturation Fedasil» comprend quant à elle les personnes ayant introduit une demande d’asile, mais pour lesquelles aucune place n’a pu être trouvée dans le réseau. Notons toutefois que cet item d’encodage n’a été créé qu’en octobre 2022, le chiffre de 32 personnes ne concerne donc que trois mois d’activité et ne représente qu’une petite partie de la réalité annuelle des personnes accueillies pour cause de saturation du réseau d’hébergement Fedasil.

Répartition des principales causes de rupture déclarées par catégorie de public

Les causes principales ayant mené des hommes à la rue en 2022 sont l’exil ou la migration, la perte de logement privé et les problèmes financiers. Chez les femmes, on retrouve la perte de logement privé en premier lieu, suivi par les violences conjugales ou intrafamiliales et l’exil/la migration. Rappelons par ailleurs que, en ce qui concerne les violences conjugales et intrafamiliales, les personnes en famille sont très majoritairement des mères célibataires.

Statut administratif des 6533 personnes accueillies

Sur les 6533 personnes accueillies en 2022, 33,25% sont détentrices soit de papiers belges (22,93%, dont 13,28% de cartes d’identité/passeports et 9,65% de cartes de séjour), soit de papiers européens (10,32%, dont 7,56% de cartes d’identité/passeports et 2,76% de cartes de séjour). L’expérience nous montre que la plupart des personnes qui ne souhaitent pas renseigner leur situation administrative sont le plus souvent sans papiers. Rappelons que seules les personnes détentrices de papiers belges, cartes d’identité ou cartes de séjour ont droit à une allocation sociale (RIS, mutuelle…) permettant leur orientation vers des solutions légales de sortie de rue. L’expérience nous montre qu’une grande majorité des Européen·ne·s n’ont pas d’adresse légale enregistrée en Belgique, ce qui les place en situation d’irrégularité et limite leurs droits à l’Aide Médicale Urgente (AMU). Virtuellement, le statut administratif de près de 70% des personnes accueillies complique donc la recherche de solutions de sortie de rue.

Répartition des 6533 personnes accueillies par tranche d’âge

21,38 % du public accueilli est mineur, 43,21 % a moins de 38 ans et 7,1 % a plus de 57 ans. 1,82 % ont plus de 68 ans, soit 119 personnes du troisième âge accueillies en 2022 dans nos centres. Tout comme les enfants, ces personnes sont considérées comme particulièrement vulnérables et font l’objet d’un accueil prioritaire dans nos structures d’hébergement.

Durée d’hébergement des 6533 personnes accueillies

Sur 6533 personnes accueillies en 2022, 4614 personnes ont été hébergées au Samusocial entre un et trente jours. Parmi elles, 1502 ne sont restées qu’une seule nuit et 1961 ont passé entre 2 et 10 nuits. Plus d’une personne sur deux (3463 personnes) passe moins de dix nuitées dans nos centres, ce qui atteste d’une proportion importante de personnes en  situation d’urgence ponctuelle et/ou trouvant des alternatives à l’hébergement d’urgence. Notons par ailleurs que les nuitées présentées ici ne sont pas nécessairement consécutives.

Répartition par type de public des 1614 personnes orientées vers des solutions de sortie de rue

Sans surprise, le public majoritairement orienté est un public de familles. Le travail d’accompagnement et de recherche de sortie de rue peut, en effet, être beaucoup plus compliqué pour les personnes isolées. Celles-ci cumulent souvent des problématiques administratives et psycho-médico-sociales qui compliquent la recherche de solutions de sortie de rue. De plus amples données sur les orientations menées en 2022 sont disponibles ici.